Atténuer et s’adapter au changement climatique est une nécessité. Source de multiples services, notamment écosystémiques, mais aussi fort émetteur de gaz à effet de serre (GES), l’élevage est au coeur des enjeux à la fois de décarbonation et de durabilité de l’agriculture. L’élevage en France en 2024, ce sont 145 000 fermes (37 % des exploitations) qui élèvent 17,6 millions de bovins, 13,7 millions de porcins et 157,6 millions de volailles1. Le secteur de l’agriculture représente 18,7 %2 des émissions de GES de la France, l’élevage y contribuant à hauteur de 59 %. Entre 1990 et 2022, les émissions de GES du secteur agricole ont baissé en moyenne de 16 %, principalement en lien avec le recul du cheptel bovin2. Mais trop forte, mal maîtrisée et sans prise en compte de spécificités territoriales, cette trajectoire de réduction fragilise la durabilité de l’agriculture, limite la disponibilité en produits d’origine animale sur le territoire national et
européen et s’accompagne d’une augmentation des importations de produits carnés.

Les animaux d’élevage, tout en nous approvisionnant en aliments de qualité, jouent un rôle majeur dans la transition vers les systèmes agroécologiques par les services qu’ils fournissent : valorisation de biomasse et coproduits non comestibles par les humains, fertilisation organique des sols limitant le recours aux engrais minéraux et de synthèse, préservation des prairies permanentes qui sont d’importants puits de carbone, entretien des paysages et de la biodiversité associée… Les éleveurs et leurs animaux sont des gardiens de notre patrimoine environnemental comme gastronomique. Ces services doivent être reconnus comme des leviers à actionner afin de dessiner le futur des systèmes d’élevage. Développement de filières et labels rémunérant les éleveurs pour la qualité de leurs produits et leurs pratiques, réduction des pertes et gaspillages, valorisation des coproduits de l’élevage, innovations technologiques et socioéconomiques, évolution des régimes alimentaires en suivant les recommandations du Programme national nutrition santé : autant de leviers à combiner.

Les scientifiques d’INRAE conduisent des projets et testent des conduites d’élevage différentes en assumant le risque que cela représente, ce que ne peuvent pas toujours se permettre les professionnels de l’élevage. Ces travaux de recherche apportent de nouvelles connaissances et fournissent des données et informations clés. Leur finalité est de concevoir et d’évaluer des pratiques et systèmes d’élevage agroécologiques innovants, afin de proposer des réponses concrètes à tous les acteurs des filières. Agronomes, zootechniciens, généticiens, physiologistes, mathématiciens, économistes et sociologues se mobilisent, avec l’appui des éleveurs impliqués dans la construction d’expérimentations de terrain, dans l’Hexagone comme en outre-mer.

Ce dossier illustre des avancées et innovations prometteuses pour que les systèmes d’élevage de demain s’adaptent au changement climatique et contribuent à la neutralité carbone en 2050, tout en assurant attractivité et vitalité économique.

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Nos experts présentent leurs travaux et derniers résultats de recherche à l'aide d'exemples concrets et avec le témoignage d'un éleveur laitier sur le site de l'Unité expérimentale du Pin.

... Au sommaire
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre
- Réduire les émissions de méthane des ruminants
- Réduire les émissions de protoxyde d’azote et d’ammoniac
- L'alimentation des animaux : un levier important pour réduire l'impact environnemental
Adapter les systèmes d'élevage au changement climatique
- Co-construire des systèmes d’élevage durables
- S’adapter à un climat qui change
- Repenser les systèmes agricoles et alimentaires pour de nouveaux services (biodiversité, santé, énergie)
- Les éleveurs face à l’évolution de leur métier