@Chloé Le Gall
Vers un vaccin protégeant les volailles contre tous les variants du virus H5N1

Grippe aviaire : une avancée prometteuse pour un vaccin protégeant les volailles contre tous les variants du virus H5N1

La grippe - ou influenza - aviaire cause d’importantes pertes économiques dans les élevages de volailles. Elle représente aussi un risque pour les animaux sauvages, pour d’autres types d’élevage en raison de sa capacité à franchir les barrières d’espèces (comme observé récemment avec les élevages de bovins aux États-Unis) et pour la santé humaine par son potentiel zoonotique et le risque pandémique associé. Les chercheurs INRAE du département Santé animale et leurs collègues de l’université du Québec à Montréal (1), ont conçu une nouvelle formulation vaccinale contre les souches de virus hautement pathogène H5N1, à l’aide de nanoparticules. Les résultats obtenus montrent que des poulets immunisés grâce à ce vaccin ont été protégés à 100 %. Aucun signe clinique ni lésion histologique n’ont été observés, mais surtout aucune excrétion virale n’a été détectée, ce qui signifie que le vaccin protège à la fois contre l’infection et la transmission du virus. Ceci constitue une première dans la lutte contre cette maladie très contagieuse.

Les vaccins utilisés actuellement contre les virus de l'influenza aviaire ciblent majoritairement la protéine majeure de la surface du virus, l’hémagglutinine (HA). Ils confèrent aux animaux une protection limitée en raison des variations auxquelles est soumise la protéine HA (dérive antigénique). L’acquisition de mutations va ainsi réduire l’efficacité vaccinale, augmenter le risque d’échappement du virus (il devient résistant au vaccin) et favoriser l’émergence de nouveaux variants.

Parallèlement à cela, des vaccins basés sur l’utilisation de nanoparticules présentant des peptides viraux avec un caractère "universel", c’est-à-dire capable d’induire des réponses anticorps croisées (les anticorps produits réagissent contre de nombreuses souches virales) ont été développés au sein du consortium. Le peptide M2e, très conservé parmi les souches de grippe aviaire, a ainsi été greffé sur les nanoparticules, mais ces vaccins se sont avérés inefficaces contre les virus de grippe aviaire hautement pathogène.

En revanche, la combinaison des nanoparticules M2e et de la protéine HA s’est avérée nettement plus efficace que lorsqu’elles étaient inoculées séparément. De plus, les chercheurs ont volontairement utilisé une HA issue d’une souche très éloignée des souches H5N1 sévissant actuellement afin de montrer que le caractère universel des nanoparticules M2e a permis de pallier la divergence entre souche circulante et souche vaccinale.

Ainsi, les poulets vaccinés avec la formulation combinée ont développé des anticorps spécifiques contre M2e et HA1. Ils sont totalement protégés contre la maladie, ne présentant aucun signe clinique. Par ailleurs, les chercheurs ont montré l’absence d’excrétion du virus dans l'environnement, ce qui représente un élément essentiel pour éviter la dissémination du virus et contrôler les épidémies de grippe aviaire.

Les résultats obtenus ont fait l’objet d’un dépôt de brevet.

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Référence :

Calzas C., Alkie T.N., Suderman M. et al. (2024) M2e nanovaccines supplemented with recombinant hemagglutinin protect chickens against heterologous HPAI H5N1 challenge. npj vaccines 9, 161 . https://doi.org/10.1038/s41541-024-00944-7

(1)  Les travaux ont été menés dans le cadre d’un consortium franco-québecois et co-dirigés par le Pr Archambault (UQAM) et le Dr Christophe Chevalier (INRAE). Parmi les chercheurs impliqués, on peut citer le Dr Ronan Le Goffic de l’unité Virologie et immunologie moléculaires (VIM) du département Santé animale INRAE, et le Pr Steve Bourgault (UQAM).