@INRAE M. Dupont-Nivet
Publication Scientific Reports F. Phocas

Masculinisation spontanée chez les truites génétiquement femelles: une origine en partie génétique.

Les poissons ont développé au cours de l’évolution une remarquable diversité de mécanismes de contrôle du sexe phénotypique, allant de systèmes hétérogamétiques de type XX/XY comme chez les mammifères ou ZZ/ZW comme chez les oiseaux, à des systèmes polygéniques ou régulés par l’environnement. Chez la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss), le sexe est gouverné par un système chromosomique simple (XX/XY) et le déterminant majeur du sexe est connu (gène sdY). Ce déterminisme génétique est exploité pour produire des populations d’élevage entièrement femelles (XX), plus intéressantes que les populations bisexuées. Cependant, des individus masculinisés sont régulièrement observés au sein de ces populations XX.

Dans un article paru dans Scientific Reports, l'équipe GenAqua et ses partenaires ont recherché l’origine de ces masculinisations spontanées. Pour ce faire, le sexe phénotypique truites issues d’une population monosexe XX de pisciculture (Les Fils de Charles Murgat, Beaufort, France) a été déterminé par observation des gonades. Trois catégories ont été définies : individus femelles (deux ovaires), individus males (deux testicules) et individus intersexués (présence simultanée de tissu ovarien et testiculaire). En combinant un génotypage moyenne densité (30 000 marqueurs SNP) d’une partie des individus et le séquençage génomique complet de leurs mères, il a été possible de repérer une zone du chromosome 1, indépendante de sdY, et porteuse de plusieurs mutations ponctuelles présentes préférentiellement chez les individus masculinisés (mâles et intersexués). Au sein de cette région, trois gènes candidats potentiellement impliqués dans la masculinisation spontanée ont été mis en évidence : fgfa8, cyp17a1 ainsi qu’une protéine non caractérisée.
 
Cette étude démontre que la masculinisation spontanée chez des truites femelles est en partie contrôlée par des facteurs génétiques qui coexistent avec le déterminant majeur du sexe. Elle est une première étape vers la compréhension des mécanismes sous-jacents, et ouvre aussi des perspectives appliquées d’utilisation des marqueurs génétiques pour repérer les porteurs de mutations propices à la masculinisation.

Contact scientifique

  • Florence Phocas, Génétique en Aquaculture, Génétique Animale et Biologie Intégrative (GABI)

Département INRAE : GA

Voir aussi

Publication 

Fraslin, C., Phocas, F., Bestin, A. et al. Genetic determinism of spontaneous masculinisation in XX female rainbow trout: new insights using medium throughput genotyping and whole-genome sequencing. Sci Rep 10, 17693 (2020). https://doi.org/10.1038/s41598-020-74757-8