@ INRAE Nicolas Meunier (Modèle expliquant l’origine cellulaire de l’anosmie (OSN neurones olfactifs, SUS cellule de soutien, DPI, jour après infection)
Publication_Frontiers_physiology_VIM_032021

Impact de la COVID-19 sur les sens chimiques

Les sens chimiques regroupent l’odorat et le goût. Si la vague de perte d’odorat associée à l’infection par le SARS-CoV-2 a rendu le terme d’anosmie bien connu du grand public, les origines de ce symptôme restent peu claires tout comme l’impact spécifique sur le gout (agueusie) ainsi que l’impact sur la qualité de vie des personnes touchées.

Dans cette revue, nous présentons tout d’abord l’origine anatomique et cellulaire des sens chimiques. La détection des odeurs est assurée dans l’épithélium olfactif de la cavité nasale. Elle est réalisée par les neurones olfactifs qui sont entourés de cellules de soutien dîtes sustentaculaires.

Seules les cellules de soutien expriment les récepteurs nécessaires à l’entrée du SARS-CoV-2 et ce sont les cellules qui sont massivement infectées dans le nez. Les différents modèle animaux montrent que suite à cette infection, l’épithélium est déstabilisé ce qui amène une perte des neurones associée potentiellement à une inflammation très locale de l’épithélium pouvant expliquer la perte d’odorat. Cette anosmie est transitoire car l’épithélium est capable de se régénérer incluant les neurones olfactifs. La perte de goût reste pour l’instant peu expliquée, elle pourrait être liée à une inflammation générale de la langue perturbant le renouvellement cellulaire des bourgeons du goût.

Au-delà des mécanismes cellulaires, la perte des sens chimique a un impact très important sur la qualité de vie. Ces sens sont en effet essentiels pour apprécier la qualité de la nourriture et le plaisir lié à l’alimentation mais aussi pour détecter des potentiels dangers (présence de fuite de gaz, feu, nourriture avariée). L’incapacité de détecter les odeurs est aussi source d’angoisse de sentir mauvais et perturbe notre interprétation souvent inconsciente de notre environnement par ce sens (détection d’odeur de nos proches, de personnes malades…). Comme la pandémie de COVID-19 est associée à plus de 50% d’anosmie dont 10% d’anosmie longue (>6 mois), ces symptômes vont être très lourds à gérer pour une partie importante de la population.

  • Contact : nicolas.meunier@inrae.fr

Voir aussi

Référence:
Meunier N, Briand L, Jacquin-Piques A, Brondel L, Penicaud L (2021) COVID 19-Induced Smell and Taste Impairments: Putative Impact on Physiology. Frontiers in physiology 11:625110 Doi: 10.3389/fphys.2020.625110